La Chambre de Commerce et d’Industrie Puy-de-Dôme Clermont Auvergne Métropole publie cette semaine son baromètre de conjoncture offrant un aperçu économique du premier semestre 2024 et les perspectives pour le second semestre. Plus de 350 dirigeants d’entreprises, de toutes tailles et de tous secteurs se sont exprimés, révélant un climat économique marqué par des perspectives moroses, entre inquiétude, pessimisme et attentisme.
Une activité en baisse
Selon ces résultats, l’activité économique des entreprises montre des signes d’essoufflement au cours du premier semestre : 52 % des entreprises du Puy-de-Dôme constatent en effet une baisse de leur activité par rapport à la même période en 2023. Une baisse d’activité qui n’épargne aucun secteur d’activité et particulièrement le commerce, pour lequel 56% des dirigeants d’entreprise répondants évoquent une baisse d’activité significative.
Dans ce contexte, près d’une entreprise sur deux a vu sa trésorerie se dégrader au premier semestre par rapport au premier semestre 2023. Parmi les principales raisons évoquées : les hausses des coûts des charges courantes (loyer, assurance, énergie) et des salaires, qui pèsent lourdement sur les marges des entreprises (50% ont vu leurs marges se réduire entre ces périodes), et l’insuffisance de chiffre d’affaires, liée à une demande atone, qui ne permet pas de compenser ces augmentations de charges.
Les investissements ralentissent
Face à l’incertitude et au manque de visibilité, aux trésoreries exsangues et au ralentissement de l’activité, les entreprises du Puy-de-Dôme, hésitent à engager des dépenses importantes. Les projets d’agrandissement, de modernisation ou d’innovation sont souvent reportés, en attendant des conditions économiques plus favorables. Ainsi, plus d’une entreprise sur 3 n’a pas investi au 1er semestre 2024.
L’industrie se démarque toutefois. Ce secteur maintient ses investissements et parvient à tirer son épingle du jeu, soutenu par des besoins croissants en solutions durables et technologiques.
Recrutement : une stabilisation fragile
Sur le front de l’emploi, la situation reste stable mais fragile. Plus de deux-tiers des entreprises devraient maintenir une stabilité de leurs effectifs au cours du 2e semestre 2024, mais seulement 10% prévoient de recruter.
Là encore, l’absence de visibilité et les craintes d’un ralentissement d’activité, viennent s’ajouter aux difficultés de recrutement, notamment dans les métiers qualifiés, difficultés liées principalement à une pénurie de compétences et/ou à un manque d’attractivité.
Interrogés sur les critères qui rendent une entreprise attractive aux yeux des candidats à l’emploi, les chefs d’entreprise exposent en premier lieu la rémunération proposée. Ils pointent également l’importance de proposer aux salariés un équilibre entre leur vie personnelle et professionnelle, ainsi que de la flexibilité du temps de travail. Un tiers des entreprises n’a pas attendu pour réagir et a déjà modifié sa politique RH en ce sens pour fidéliser ses collaborateurs et/ou attirer de nouveaux talents.
Des perspectives mitigées pour le second semestre 2024
Les chefs d’entreprise affichent un optimisme plus que mesuré. Parmi les moins pessimistes, on retrouve pour l’essentiel des entreprises de l’industrie (note moyenne : 4,63/10), suivies par celles du secteur de la construction (note moyenne : 4,35). Les entreprises des services (note moyenne : 3,93) et les commerçants (note moyenne : 3,32) restent les moins optimistes.
Si certains anticipent une amélioration de la situation, notamment grâce à une stabilisation attendue des prix de l’énergie et à un retour progressif de la consommation, d’autres redoutent un contexte politique et social qui leur donne toutes les raisons d’être inquiets. Nombreux sont ceux qui appellent les dirigeants politiques à avoir du bon sens économique, à écouter et soutenir les entreprises, à oeuvrer pour le dynamisme économique, et ce en réduisant les charges sociales, en récompensant le travail à sa juste valeur, en simplifiant les démarches administratives. Visibilité, stabilité, sérénité : les maitres mots pour permettre aux chefs d’entreprise de se tourner vers l’avenir, et faire ce qu’ils savent le mieux : développer l’économie.
Un baromètre qui met donc en lumière une économie à la croisée des chemins. Les entrepreneurs, bien que résiliants, demeurent prudents face aux défis qui se profilent.